BELLE
De Pablo Neruda dans « vingt poèmes d’amour et une chanson desespérée » traduction : Claude Couffon et Christian Rinderknecht. Peinture : Pablo neruda par Michael Hawkins.
Belle
Pareil à l’eau qui sur la pierre fraiche
De la source
Ouvre son grand éclair d’écume
Est ton sourire
Belle
Belle,
Aux fines mains, aux pieds déliés
Comme un petit cheval d’argent,
Fleur du monde, marchant
Je te vois moi,
Belle
Belle,
Avec un nid de cuivre enchevetré
Dans la tête, un nid
D’une brume couleur de miel
Où mon cœur brûle et se repose,
Belle
Belle
Aux yeux trop grands pour ton visage
Aux yeux trop grands pour la planète.
Il y a des pays, des fleuves
Dans tes yeux
Je vagabonde à travers eux,
Ils donnent sa clarté au monde
Partout où s’avancent mes pas,
Belle
Belle,
Tes seins sont pareils à deux pains
-terre froment et lune d’or-
Belle
Belle
Ta taille
Mon bras l’a faite comme un fleuve
Mille années parcourant la douceur de ta chair,
Belle
Belle,
Rien n’a le charme de tes hanches
La terre en quelque lieu caché
A peut être, elle,
La courbe de ton corps et son parfum,
En quelque lieu peut être
Belle
Belle, ma belle,
Ta voix, ta peau, tes ongles,
Belle, ma belle
Ton être, ta clarté, ton ombre
Tout cela mienne m’appartient,
Lorsque tu marches ou te reposes
Lorsque tu chantes ou tu dors,
Lorsque tu souffres ou que tu rêves,
Toujours,
Lorsque tu es proche ou lointaine,
Toujours,
Ma belle, tu es mienne,
Toujours