Il est 9h30, lorsque mon compagnon et moi arrivons à la station de métro. La longue file devant le distributeur de tickets nous conforte dans l’idée qu’il ne faut jamais aller à une manifestation sans avoir au préalable pris sa carte. Nous montons dans la rame où nous trouvons facilement une place puisque nous partons du terminus de la ligne. Heureusement pour nous, car à chaque arrêt, ce sont des dizaines de gens qui montent, jusqu’à atteindre station après station le maximum d’entassement que je n’eux cru possible dans une rame de métro. Arrivés à la station St Cyprien, point de départ de la manifestation, tout le monde sans exception sort sur le quai déjà bloqué par de précédents voyageurs munis de leurs banderoles qu’ils tiennent à plusieurs, rouleaux colorés tendus à bout de bras. Nous nous aménagons une place dans la foule, que les prochains passages du métro va faire grossir jusqu’à l’empêcher de progresser, l’escalator étant déjà bloqué à l’arrêt. Trois rames s’arrêtent devant nous avant que nous ayons pu faire un pas ; à chaque fois ce sont encore des dizaines de gens qui, poussant la foule agglutinée forcent le passage pour sortir du train.. Nous sommes à présent serrés sur le quai sur lequel aucune progression n’est possible, l’ambiance reste bon enfant, nous sommes tous là pour la même chose, faire reculer le gouvernement sur la réforme des retraites, faire entendre notre désaccord et notre révolte contre cette casse organisée.
Mais, nous commençons à paniquer quelque peu lorsque le quatrième convoi de manifestants arrive, tout autant rempli que les précédents. Nous n’avons toujours pas bougé et nous trouvons donc devant une rame de laquelle se déverse encore la masse des « camarades » plein d’entrain. Ils arrivent sur nos pieds, au milieu de nous, en se bousculant gaiement, n’importe comment, comme ils peuvent et je me mets à penser que cela ne doit pas continuer indéfiniment, quand mon compagnon me prend par le bras d’un geste autoritaire pour m’inciter à monter dans le wagon enfin vide, dont les portes sont déjà sur le point de se refermer. Notre coup de force les faisant se rouvrir, nous montons en poussant un ouf de soulagement. Une station plus loin, tout va bien, il ne nous reste plus qu’à marcher en sens inverse pour revenir au point de ralliement.
Nous n’avons eu aucune nouvelles des centaines de gens coincés à la station St Cyprien ce mardi 12 Octobre, nous supposons qu’ils ont réussir à se sortir du piège qui nous a parut si effrayant.