Ca y est, j’ai expédié mon manuscrit à plusieurs éditeurs, je n’ai aucun espoir mais en même temps si je l’ai fait c’est que j’y crois quand même un petit peu !
Avoir choisi la fiction pour dénoncer ce que j’ai vécu à France Telecom pendant ces huit dernières années était-il le bon choix ?
Il fallait bien que je prenne du plaisir à écrire, qu’il y ait de la fantaisie, de la création, de la poésie, sinon je me serais ennuyée. En faire un récit comme Anna Sam pour “les tribulations d’une caissière“ où l’humour fait office d’unique émotion ne me semblait pas être dans mes possibilités.
En fait, je n’ai pas réfléchis au genre, j’ai ouvert mon traitement de texte word 2007, et j’ai commencé à raconter. Des histoires sont nées, certaines mêlant l’autobiographie à la fiction, et d’autres la pure invention aux faits réels. Ce qui revient au même je vous le concède ! En résumé, mon roman est une vraie fiction, mais tout ce qui y est raconté sur les conditions de travail en centre d’appel est vrai.
C’était il y a un an et quelques mois, et j’ai enfin terminé ! J’y ai mis toutes mes souffrances, toutes mes émotions, j’ai creusé dans tous mes souvenirs et relu un de ces cahiers que chaque opérateur a sous la main pour noter les demandes du client. C’était mon dernier cahier, non terminé dont les pages blanches de la fin représentent la liberté, la délivrance, une autre vie à inscrire.
Le courage, pour avoir pu demeurer par la pensée un an de plus à France Telecom, je l’ai puisé dans l’attachement à cette boite qui m’a fait vivre pendant trente ans. C’est l’endroit où j’ai connu mon mari, appris plusieurs métiers, rencontré toutes sorte de gens. J’y ai également vécu l’attachement au service public, la solidarité, l’amitié et la découverte de la lutte syndicale.
Ces dix dernières années n’arriveront pas à me faire oublier le passé, l’époque où le travail prenait le temps d’être bien fait.