Un groupe de soixante pharmacies ont mis au point un dispositif pour faire livrer par la Poste des médicaments sous ordonnance. Le service est lancé ce mercredi à Marseille.
Une brèche. Le groupe de soixante officines Pharmabest a trouvé la façon de concilier vente de médicaments en officine réelle et livraison de ces produits, même s'ils nécessitent une ordonnance. Bien que la vente sur Internet de médicaments soumis à ordonnance ne soit toujours pas autorisée en France, ce groupe, créé à l'initiative de David Abenhaim, pharmacien à Marseille (Bouches-du-Rhône), lance ce mercredi dans la cité phocéenne, avec la Poste, un nouveau service de livraison de médicaments prescrits sous ordonnance. La réussite du projet s'appuie sur le réseau de soixante très grosses pharmacies réparties sur tout le territoire, dont 18 sur Paris et sa banlieue.
Objectif, selon Alain Styl, directeur général de Pharmabest : « 50 000 livraisons la première année, soit 800 par pharmacie, l'équivalent de trois à quatre livraisons par jour et par pharmacie. » Mais en réalité, le marché est énorme, car au-delà du parent bloqué au foyer par son enfant malade, ou de la personne âgée ne pouvant se déplacer, il y a en France cinq millions de personnes souffrant de maladie chronique qui peuvent être séduites par ce service. Ce nouveau dispositif devrait se substituer à une offre de livraison lancée en 2016 dans le Sud-Est par la Poste auprès des particuliers et qui ne semble pas avoir pris.
Comment ça marche ? Le client aura le choix entre utiliser une application sur son smartphone ou l'utiliser en officine. Via cette appli, il pourra transmettre les informations à la pharmacie Pharmabest la plus proche. « Il devra photographier son ordonnance, sa carte Vitale, sa carte de complémentaire santé et indiquer son numéro de mobile, détaille Alain Styl. Le pharmacien fera ensuite son travail : contrôle de l'ordonnance et délivrance sous la forme d'une enveloppe opaque et scellée pour respecter l'obligation de confidentialité. » Ensuite ? « Un facteur passera à la pharmacie chercher l'enveloppe et la Poste se chargera de sa livraison », poursuit Guillaume Bosc, responsable des projets innovants à la Poste. Surtout, ledit facteur devra récupérer, auprès du patient, l'original de l'ordonnance qui sera transmise au pharmacien. Cette livraison pourra se faire au domicile, sur le lieu de travail, ou ailleurs.
Quels délais ? Passée avant midi, une commande sera livrée le soir même. Après 19 heures, ce sera le lendemain matin.
Est-ce gratuit ? Non. Le coût facturé par la Poste est de 7 € pour un colis de 3 kg maximum. Il reste à la charge du patient, sans autre surcoût. « C'est un nouveau levier de croissance pour la Poste », reconnaît Guillaume Bosc.
Y a-t-il des risques ? Au plan sanitaire, la commande fera l'objet d'une traçabilité. L'autre risque, c'est que le pharmacien en profite pour vendre des produits supplémentaires. Alain Styl assure que ce risque est nul : « Cela n'est pas du tout le but. Notre objectif est sociétal et pose d'ailleurs un vrai problème éthique : peut-on laisser sans médicament une personne qui en a besoin mais se trouve dans l'impossibilité de se déplacer ? »