Le revenu de base n'est plus une utopie. Cette allocation universelle, individuelle et inconditionnelle, la Finlande va l'expérimenter en 2017, à hauteur de 800 euros par mois. La Suisse organise une votation, le 5 juin 2016, "pour ou contre le versement d'un revenu minimal [de 2 500 francs suisses, soit 2 250 euros] à tous ses habitants, qu'ils travaillent ou non", explique le quotidien helvète Le Temps.
En France, dans son rapport sur les minima sociaux, remis le 18 avril au gouvernement, le député socialiste Christophe Sirugue consacre une dizaine de pages sur le sujet. Mais il ne prône pas une allocation universelle, qui a pourtant ses farouches partisans.
Au nom de quoi défendre un revenu automatique, sans contrepartie, pour chacun ? Voici quatre raisons d'y adhérer. Mais évidemment, comme tout le monde ne partage pas cette vision, francetv info vous expose également trois raisons d'y être fermement opposé.
C'est fait pour lutter contre la pauvreté
L'argument : "Tout le monde a droit à un revenu décent et suffisant pour vivre. Il faut donc le garantir de façon inconditionnelle", martèle Baptiste Mylondo. Pour cet universitaire, contacté par francetv info, "personne ne doit se trouver en dessous du seuil de pauvreté" (fixé, en 2015, à 987 euros pour une personne seule).
Ce professeur d'économie à Sciences Po Lyon (Rhône) et à Centrale Paris défend, pour sa part, l'attribution d'un revenu inconditionnel à chacun, dès la naissance, à hauteur de 1 000 euros par adulte et de 250 et 300 euros par enfant.
Pourquoi y adhérer : les chiffres l'attestent, la pauvreté progresse dans l'Hexagone. Selon l'Observatoire des inégalités, "la France compte entre 4,9 et 8,5 millions de pauvres selon la définition adoptée", dont près de 3 millions d'enfants. Quant au taux de pauvreté des 18-29 ans, il s'élève à 18,6%, avec un bond de deux points en cinq ans, explique ce sujet de France 2.
RSA pour les jeunes : l'idée fait débat
Même constat aux Etats-Unis, où le nombre de personnes vivant dans l'extrême-pauvreté est passé de 636 000 à 1,5 million entre 1996 et 2011, selon l'hebdomadaire britannique The Economist (en anglais).
Ça permet de faire ce qu'on a envie de faire
L'argument : "Ne travaillez jamais !", proclamait naguère l'écrivain situationniste Guy Debord. Beau mot d'ordre, que les militants du Mouvement français pour un revenu de base reprennent partiellement à leur compte. Leur projet, écrivent-ils, "s'inscrit dans l'aspiration à la fin du travail" et, surtout, à la fin du travail jugé aliénant : priorité au travail choisi et non subi. Même The Economist "s'y met", selon l'expression amusée du professeur à Sciences Po Julien Damon :